Le prix de thèse 2020 est attribué à Lise Archambaud : les dynamiques collectives en post-conflit, réflexions sur une résilience socialement soutenable
Les Prix de l’ADDES
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March 1, 2020
Thèse de doctorat en sciences économiques soutenue à l’université de Lille. Directeur de thèse : Benoît Lallau.
Résumé de la thèse :
Cette thèse aborde la notion de résilience collective socialement soutenable à l’échelle des organisations locales. Cette notion est conceptualisée puis opérationnalisée afin de produire des informations dans trois zones rurales en post-conflit d’Afrique Centrale et de l’Ouest. Historiquement, l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) s’est intéressée aux organisations dites du tiers secteur – c’est à dire qui ne relève ni de l’entreprise privée fondée sur un modèle purement capitalistique ni des institutions publiques – telles que les associations, les coopératives et les mutuelles. Nous nous insérons dans cette mouvance en prenant comme principal objet d’analyse les dynamiques collectives en milieu rural que sont les organisations de producteurs, les systèmes d’entraide agricole, les tontines, les caisses de solidarités, etc. Les organisations locales que nous considérons dans ce travail tentent de répondre à de nombreux enjeux : elles soutiennent la reproduction des activités, elles constituent des formes de protection sociale informelle pour les personnes exclus des systèmes de couverture formels, et se révèlent être des lieux de production de valeurs collectives. Dans les contextes qui nous intéressent et qui sont caractérisés par de graves crises socio-politiques, les organisations locales sont d’autant plus fondamentales dans ces situations qu’elles constituent pour certaines l’un des rares recours de la population et peuvent agir comme de véritables levier de relèvement. Elles ont également de l’importance pour les organisations internationales puisque, face à la crise de légitimité des États en conflit récurrent, elles sont vu comme l’émanation de la société civile est assure l’ancrage local recherché par les acteurs humanitaires. Il s’agissait pour nous d’évaluer ces collectifs, c’est à dire d’analyser les processus de structuration qui conduisent à l’action collective mais aussi les fonctions qui leur étaient attribuées par leurs membres afin de comprendre leurs trajectoires. La mise à l’agenda de la résilience pour penser le relèvement au sein des institutions internationales en a fait une notion incontournable dans la sphère humanitaire. Toutefois, nous avions posé l’hypothèse que les processus de résilience collective en contexte post-conflit n’étaient probablement pas tous souhaitables, car certains pouvaient s’avérer socialement non soutenables. En effet, au travers d’analyses empiriques, Stewart (2005) met en évidence les effets ambivalents que peuvent avoir les collectifs. D’une part, elle met en exergue le fait que les groupes formés au sein de populations pauvres peuvent permettre une amélioration de leurs situations, mais d’autre part elle souligne comment l’identité collective peut elle-même amener à des conflits. Et alors que les acteurs humanitaires considèrent exclusivement (ou presque) ce premier aspect, c’est bien cette ambivalence qui justifie que nous focalisions nos travaux sur les dynamiques collectives, notamment dans des zones d’intervention humanitaire. Nous proposions ainsi d’articuler la notion de
résilience avec celle de soutenabilité sociale, pour distinguer les processus de résilience socialement soutenables de ceux qui ne le seraient pas.
Le prix de thèse sera remis à l’automne 2020 suite au report du 29e colloque de l’ADDES.